Face à tout changement dans la vie d’un sujet, l’ambivalence est un phénomène normal, fréquent, voire nécessaire au processus de décision. Dans la clinique, en particulier dans celle des addictions, le travail avec le patient sur l’exploration de son ambivalence et la possibilité de la résoudre plutôt que d’y rester « englué » est primordial. Une approche de la relation d’aide comme l’entretien motivationnel en a fait une de ses topiques essentielles. Pourtant, il faut prendre garde à ne pas réduire ce travail sur l’ambivalence du patient à une élaboration systématique et méthodique des avantages et des inconvénients du statu quo et de ceux du changement (Miller, 2008).

Dans leur conceptualisation graphique, Janis et Mann (1977) illustrent le conflit engendré par l’ambivalence avec la métaphore de la « balance décisionnelle » en montrant la richesse des facteurs intervenant dans tout mouvement de prise de décision. La « compétition motivationnelle » qui se joue à l’intérieur du sujet y est illustrée avec les bénéfices et les coûts associés au statu quo (situation actuelle) et au changement.

Näsholm (2008) a poursuivi le développement de ce type de support graphique à l’exploration de l’ambivalence. Elle propose ainsi de réfléchir avec le patient non plus sur une double, mais sur une triple perspective : le statu quo, le changement et le non-changement, avec les notions d’avantages et d’inconvénients de chaque perspective. Elle insiste sur l’importance pour le thérapeute de comprendre pour chaque patient sur quoi ce dernier est ambivalent, quel est le nom de son dilemme, comment ce dernier devrait être formulé et quelle(s) perspective(s) sera ou seront à explorer parmi les trois proposées.

L’utilisation d’un outil métaphorique comme la balance permet de figurer et de clarifier un dilemme souvent flou pour le patient. Afin de modéliser l’évolution motivationnelle de manière plus dynamique, le psychologue norvégien Tom Barth a proposé la métaphore du « slalom » afin de mieux rendre compte des processus dynamiques en jeu. Dans une communication écrite présentée lors du Congrès de l’Encéphale 2009, nous avons proposé de compléter cette métaphore en y ajoutant la troisième perspective introduite par Näsholm, celle du non-changement. Une synthèse illustrée sous la forme d’un « slalom décisionnel tridimensionnel ».